«Je sais parce que je le dis Que mes désirs ont raison Je ne veux pas que nous passions A la boue Je veux que le soleil agisse Sur nos douleurs qu'il nous anime Vertigineusement Je veux que nos mains et nos yeux Reviennent de l'horreur ouvertes pures Je sais parce que je le dis Que ma colère a raison Le ciel a été foulé la chair de l'homme A été mise en pièces Glacée soumise dispersée Je veux qu'on lui rende justice Une justice sans pitié Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux Les maîtres sans racines parmi nous Je sais parce que je le dis Que mon désespoir a tort Il y a partout des ventres tendres Pour inventer des hommes Pareils à moi Mon orgueil n'a pas tort Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme Debout qu'on a voulu abattre» Le travail du poète, VII.
Paul Éluard was the pen name of Eugène Émile Paul Grindel. French poet, a founder of Surrealism with Louis Aragon and André Breton among others, one of the important lyrical poets of the 20th century. Éluard rejected later Surrealism and joined the French Communist Party. Many of his works reflect the major events of the century, such as the World Wars, the Resistance against the Nazis, and the political and social ideals of the 20th-century.
Savoir régner savoir durer savoir revivre Il rejeta ses draps il éclaira la chambre Il ouvrit les miroirs légers de sa jeunesse Et les longues allées qui l’avaient reconduit
Être un enfant être une plume à sa naissance Être la source invariable et transparente Toujours être au cœur blanc une goutte de sang Une goutte de feu toujours renouvelée
Mordre un rire innocent mordre à même la vie Rien n’a changé candeur rien n’a changé désir L’hiver j’ai mon soleil il fait fleurir ma neige Et l’été qui sent bon a toutes les faiblesses
L’on m’aimera car j’aime par dessus tout ordre Et je suis prêt à tout pour l’avenir de tous Et je ne connais rien de rien à l’avenir Mais j’aime pour aimer et je mourrai d’amour
Il se mit à genoux pour un premier baiser La nuit était pareille à la nuit d’autrefois Et ce fut le départ et la fin du passé La conscience amère qu’il avait vécu
Alors il réveilla les ombres endormies La cendre grise et froide d’un murmure tu La cendre de l’aveugle et la stérilité Le jour sans espérance et la nuit sans sommeil
Sometimes life is stranger than fiction. Or in this case, surrealist poetry.
Eugène Émile Paul Grindel was one of the founders of surrealism. At 16 he caught tuberculosis and ended up in a sanatorium in Davos. There he met a young woman, Gala. He married her and two days later he went to fight for the French in the First World War. During the war, he started to write poetry.
In 1919 he met Andre Breton, Louis Aragon, and Philippe Soupault, members of the Dadaists. He changed his name to Paul Éluard. Then in 1921 Gala and Paul met a German, Max Ernst who became good friends (really good friends with Gala). Then the tuberculosis returned. Paul and Gala returned to a sanitarium. Unfortunately for Paul, she met an artist, Salvador Dali (yes this is famous Gala, Dali’s model and wife).
During the twenties and thirties, Éluard became involved in the surrealist movement. He became good friends with another artist, Pablo Picasso. After the bombing of Guernica in Spain by the Nazi’s, Paul wrote a monumental poem, La Victorie de Guernica, while Picasso painted an even more monumental painting. In 1934 he married the artist and model, Maria Benz, known as Nusch. They were introduced by the photographer Man Ray.
In 1938, Éluard managed to get Ernst out of jail and to be reunited with his then lover British artist Leonora Carrington* living in the south of France. These artists stick together, don’t they?
*see the fabulous book by Elena Poniatowska
During the Second World War, Paul joins the Communist Party as well as the French Resistance, where at one point, an aircraft drops his poem Liberté to inspire the occupied citizens. After the war, Nusch dies and Paul continues with the communist party, convinces Picasso to join and later meets Pablo Neruda. It’s a small world. After remarrying in 1950, he dies of a heart attack in 1952.
That is quite the life he led. This book traces his work from 1914 right up to 1948. The early works certainly bear the surrealist mantra of blending unusual things together:
Toi la seule et j’entends les herbes de ton rire You alone and I hear the grass of your laughter (Premierement, 1926-29)
These poems deal with eroticism, women, love, time, place, and three to Picasso (not counting Guernica). There is a tender beauty and real playful to these poems, making them evocative and easy to read.
The war poems, and this makes up a big chunk of the book, are as can be expected. Harsh, brutal and honest. He doesn’t mince words and they are very strong but often heavy handed. Not my favourites and yet they stand out.
However the masterpiece is the title of the book, Poesie Ininterrompue. Written in 1946, it is the central poem recalling The Wasteland. It covers some 700 lines and recalls the heroics of the war, starting with a guttural, sonorous machine gun of words,
Je m'habitue à la plume originale et parfois loufoque d'Eluard, ce qui me fait apprécier encore plus ses écrits. Certaines phrases, métaphores sont si puissantes ou bien inattendue que ça en devient du génie. Vraiment, masterclass ce poète. Les poèmes où il parle de son passé, de son enfance, ils sont juste magnifiques. De même, pour la thématique de la vieillesse, du temps qui passe. C'est un plaisir visuel et coloré à lire.
"La joie de vivre est un fruit mûr/ Que le soleil glace de sucre."
"Tu tends ton front comme une route/Où rien ne me fait trébucher/Le soleil y fond goutte à goutte/Pas à pas j'y reprend des forces/De nouvelles raisons d'aimer/Et le monde sous son écorce/M'offre sa sève conjuguée/Au long ruisseau de nos baisers"
« De l'océan à la source De la montagne à la plaine Court le fantôme de la vie L'ombre sordide de la mort »
« Nous deux nous ne vivons que pour être fidèles à la vie. »
« Je vois la ville de ton rêve Que tu seras seule à peupler Du tourbillon de ta beauté »
« Je t'aime je t'adore toi Par-dessus la ligne des toits Aux confins des vallées fertiles Au seuil des rires et des îles Où nul ne se noie ni ne brûle Dans la foule future où nul Ne peut éteindre son plaisir La nuit protège le désir. »
Je ne pensais pas autant aimer ce recueil, et surtout qu’il me fasse autant pleurer… l’émotion de ces vers sont d’une intensité telle que je ne saurai la décrire.
De magnifiques poèmes qui mêlent clairement les contraires et les synonymes : tout pour recréer un grand paradoxe de vie et de mort dans lequel triomphe l'amour et l'espoir. On retrouve aussi en arrière plan l'expérience personnelle d'Eluard dans la résistance si on prend bien garde au choix des mots.