Il y a quelques temps, je posai à certains auteurs de bandes dessinées la question suivante:

 » Quels sont les 5 disques qui vous ont retournés comme une crêpe?« 

A mon tour.

.

Les disques qui m'ont révolutionné la tête sont tous sortis au début des années 90. Je commençais alors à saturer du punk classique et du rock français. Ce fut pour moi une époque bénie, où de nouveaux univers insoupçonnés s'ouvrirent devant mes pas.

.

.

« I Against I » de  Bad Brains – 1986

Je n'ai découvert cet album qu'en 1991, en l'achetant au hasard, aux Puces de Saint Ouen.

Je ne connaissais pas vraiment le hardcore, à, l'époque et, je dois l'avouer le rouge au front, à la première écoute, j'ai failli le foutre à la poubelle. Je ne comprenais rien du tout à cet ovni ni punk ni métal, ni même rock. En fait, c'est en le mettant souvent en fond sonore pendant que je dessinais que j'ai appris à l'aimer. Oui, l'on peut « apprendre à aimer » certaines choses, contrairement à l'idée généralement admise par les imbéciles.

« I Against I » est inventif là où les autres sont bourrins et stéréotypés. C'est l'exemple même de la différence entre l'art et le hobby.

.

.

« Mother's Milk«   Red Hot Chili Peppers – 1989

Celui-ci, je l'ai acheté dès sa sortie. J'avais vaguement entendu les premiers albums de RHCP, mais étant absolument étranger au funk, j'avais pas vraiment accroché. Puis, dans le petit milieu du rock français de l'époque, la rumeur a enflé en quelques semaines: un ovni était arrivé.

Bien plus mélodique que les précédents et pourtant encore métallique et rythmé, on n'avait encore rien entendu de semblable. C'était comme la somme de toutes les musiques de l'époque: métal, funk, rap, punk… On avait appelé ça « fusion » mais c'était très réducteur. Le jeu de basse de Flea était une révolution, sans mentionner la présence scénique du groupe, toute en vigueur, en acrobaties et en tatouages.

.

.

« Nevermind » de  Nirvana – 1991

En travaillant la nuit, je mettais souvent M6 en fond sonore. Certains soirs, on avait le droit à des thématiques punks que j'attendais avec délice. c'est ainsi que lorsque j'ai entendu les premiers accords de « Smell like ten spirit », j'ai arrêté de dessiner pour voir un peu de qui était ce morceau étrange, ni vraiment punk, ni métal… J'ai tellement aimé qu'en achetant l'album, je me disais que ce serait sans doute le seul morceau valable, qu'on ne pouvait pas répéter sur tout un album, un tel exploit. Et pourtant si. Pour moi, c'est l'album parfait. Tous les morceaux sont hors norme, le son est brutal mais travaillé, les paroles intrigantes et noires à souhaits.

.

.

« Recipe For Hate » Bad Religion – 1993

C'est mon frère qui me fait découvrir ce disque. J'en entendais des bribes et allant le voir skater et j'achète. Je ne connaissais absolument pas Bad religion, à l'époque, et en quelques jours, je ne peux plus me passer de cet album de punk rock mélodique, rapide et poétique. Les paroles sont des bijoux d'écriture. Je ne pensais pas non plus que le punk se prêterait à la mélodie avec autant d'aisance. C'est à partir de ce disque fondateur que je vais me mettre en tête de découvrir le punk rock américain.

.

.

« Punk in Drublic » de  NOFX – 1994
En poursuivant mon exploration du punk rock américain, je tombe par hasard, à la FNAC, sur « Punk in Drublic ». Je l'achète à cause du label, mais aussi de la pochette que je trouve magnifique. La première écoute est mémorable. Je n'avais jamais entendu personne jouer si vite, à part quelques groupes de death métal tout pourris! Je me demandais vraiment comment ils faisaient pour tenir un tel tempo. Mais ce qui a achevé de me convaincre, ce sont les mélodies. C'était un peu comme de la variété, avec des mélodies accrocheuses, mais joués avec une rage adolescente et des paroles délicieusement stupides. Un peu comme une caricature du rock américain.
.